Il y a le flirt verbal, tout en caquet et minauderie, et l'autre. L'autre, si l'on peut dire, met la main à la pâte, la bouche partout, et le coeur aux abois. Ce que l'on avait fini par appeler flirt, avant que ce mot régresse quelque peu dans l'usage de la dernière décennie, c'était toutes les relations amoureuses entre un garçon et une fille, baisers et caresses inclus, qui n'allaient pas jusqu'à l'acte final, le coït. C'est dans la seconde moitié du XIXe siècle que l'anglomanie post-romantique a répandu le flirt, comme le verbe «flirter» - et ce n'est qu'une coïncidence qui a fait croire que ce mot anglais venait de fleurette et de fleurter : il n'en est rien ! Ce flirt de la première époque semble avoir été purement verbal : « Les plus avenantes, les seules promenades souvent des grandes villes (en Syrie) sont leurs champs des morts ; on y cause, on y mange, on y fume, on y flirte », Melchior de Voguë, 1875, in Le Littré.
Flirter prenait alors la place de l'ancien mot classique coqueter : « Se plaire à cageoler, ou à être cajolée, faire l'amour en divers endroits - dit Furetière. Les jeunes fénéants, les femmes galantes, ne font autre chose que coqueter » (1690)
Jehan de Rictus confie dans son journal (inédit) du 22 octobre 1898 : « Deux ou trois fois (...) j'ai sans le vouloir ému le coeur de jeunes filles pauvres, vierges et jolies. Je les ai toujours respectées, consolées fraternellement et découragées de m'aimer - sans flirter, loyalement, et même brutalement ».