De là à ne plus vouloir du tout faire partie du groupe et, comme on disait au XVe siècle, jouer à fausser compagnie, il n'y a qu'un pas. Furetière écrit à ce propos : « On dit fausser compagnie, ou joüer à la fausse compagnie, pour dire, quitter un parti, trahir ceux avec qui on est associé. »
En effet, c'est l'idée de trahison que paraît contenir le verbe fausser comme on dit fausse la monnaie : « Ceulz qui corrumptent ou falsent la monnoie (XIVe siècle), ou bien sa foi : Ce fut chose moult estrange à luy de ainsi faulser sa foi et soy ainsi abaisser », (XVe siècle).
Les deux notions sont juxtaposées dans cette phrase de Montaigne : « Nostre intelligence se conduisant par la seule voye de la parole, celuy qui la faulse trahit la société. »
On parlait au XIIIe siècle de la compagnie Tassel, association frauduleuse, compagnie de traîtres, dit Godefroy qui cite le Lay de l'Espervier :
« Vartilas, dit-il, ce sachiez
Que cest jeu ne m'est pas bel :
C'est la compagnie Tassel
Que vos me fetes, ben le voi. »
L'expression se trouve aussi dans le Roman de Renart : « C'est la compaingnie Tassel
que vos me fetes voirement. »
Est-cela, une fausse compagnie, une compagnie de traîtres, que l'on rejoint en s'en allant ?
Quant à l'autre expression récente faire fausse compagnie, au lieu de jouer, elle paraît construite d'après faire faux bond. Par contre, la notion de jeu qui n'est pas bel, semble être demeurée dans l'argotique jouer les filles de l'air.
Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une très vieille habitude que n'ont probablement pas instaurée les soldats !
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