La métaphore paraît bien évidente, sous la plume de
Gilbert Cesbron, dont elle est désormais indissociable.
D'entrée de jeu, d'ailleurs, le romancier la développe avec
complaisance : Alain Robert, son héros, est lui-même un
gosse de fourrière lorsqu'il croise le corniaud qui donne
son titre au livre. La toison du chien « flottait autour de
son corps, vêtement somptueux d'un vieux roi condamné »
: peut-on mieux exprimer la noblesse et l'indépendance de
l'être — enfant de l'Assistance ou chien abandonné —
grandi en marge de la société, exempt de toute attache
familiale ou servile ? On retrouve le vieux thème gidien de
la bâtardise comme liberté suprême...
Avant cette métaphore familiale, cependant, c'est à la
traditionnelle opposition entre le sauvage, pauvre mais
fier, et le civilisé, payant l'opulence de sa liberté, que
renvoyait le collier du chien.
«Le loup de La Fontaine» (Fables, I, 5) refuse le
plantureux festin d'os de poulets et de pigeons s'il faut,
comme le chien, porter le cou pelé : « Le collier dont je
suis attaché / De ce que vous voyez est peut-être la
cause » lui explique celui-ci.
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