Être ruisselant de sueur
Furetière connaissait déjà la tournure : « On dit aussi être en nage pour dire être en sueur, tout mouillé, soit pour s'être échauffé, soit pour avoir été à la pluye, soit dans une crise de maladie ».
L'interprétation de cette locution, curieuse si l'on y réfléchit, et moins évidente qu'elle en a l'air, est un sujet de controverse. Certains suivent l'explication de M. Rat : « On disait au Moyen Âge être en age (être en eau), puis quand le mot age cessa d'être usité, la locution fut altérée. » Malheureusement, l'évolution de eau est plutôt eive, eve, aive, iaue, et aussi loin que l'on remonte dans les textes du Moyen Âge, on ne trouve aucune trace d'age dans le sens de eau (qui a pu exister cependant au moment du passage du latin aqua, lequel a donné aussi l'occitan aiga, à une époque très reculée).
Littré nous livre ici son interprétation qui donne pour origine à nage, abondamment attestée, devenue en nage, probablement pour des raisons d'euphonie : « Être à nage ou en nage, c'est proprement nager dans l'eau, et figurément être tout mouillé de sueur. »
En effet, à nage a eu le sens secondaire de baigner dans l'eau, être trempé. C'est la même idée de nager au sens de baigner dans un liquide qui semble avoir cheminé dans la langue quand on dit qu'un morceau de viande nage dans la sauce, ou dans le beurre.
C'est de cette notion que G. Esnault note pour 1900 à Lille : « nager : être submergé, en parlant des champrs, d'où il tire nager : ne savoir que faire, ne pas comprendre la situation, patauger.»
C'est qu'on nage dans un problème avec beaucoup moins de plaisir que dans une piscine !