Allusion à une pensée de Pascal (277-423), dans la section
des moyens de croire.
« Le cœur a ses raisons, que la raison ne connaît point ; on le
sait en mille choses. Je dis que le cœur aime l'être universel
naturellement, et soi-même naturellement selon qu'il s'y
adonne ; et il se durcit contre l'un ou l'autre à son choix. Vous
avez rejeté l'un et conservé l'autre : est-ce par raison que vous
aimez ? »
Le raisonnement est à double tranchant : faire grief au
libertin de préférer l'amour de soi à l'amour de Dieu pour les
raisons du cœur et non celles de l'esprit, c'est s'attirer la
réponse que l'amour de Dieu n'est pas plus raisonnable. Pis :
c'est reconnaître qu'aucun raisonnement ne pourra convertir
l'athée, et ruiner l'apologie de la religion que prépare Pascal. Mais celui-ci a prévu l'objection et étudié par ailleurs les
moyens de persuasion. Il s'agit de s'adresser au coeur par
l'expression autant qu'à l'esprit par les pensées, et
d'intéresser l'amour-propre à la réflexion — un comble si l'on
considère que le renoncement à l'amour-propre, l'amour de
soi, est un des buts de la conversion.
« Il faut se mettre à la place de ceux qui doivent nous
entendre, et faire essai sur son propre cœur du tour qu'on
donne à son discours » ; le nec plus ultra consistera à
convaincre le cœur, qui inspirera lui-même les arguments à
la raison, car « on se persuade mieux, pour l'ordinaire, par
les raisons qu'on a soi-même trouvées, que par celles qui
sont venues dans l'esprit des autres. »
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