À chaque jour suffit sa peine

Appel plus ou moins ironique à la modération dans le travail, voire à la paresse ; et alors ?!!
Bon, dans l'Évangile, c'est ainsi que Jésus dégage les apôtres de tout souci matériel : Dieu pourvoira à leur subsistance et leur seule peine sera de chercher le royaume de Dieu et la justice. Aujourd'hui, l'expression serait davantage synonyme de chaque chose en son temps.
NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 6, verset 34



À cœur ouvert

De manière on ne peut plus franche et loyale
Le cœur, principal organe caché, est alors considéré comme le siège de la pensée, de l'intelligence, de la mémoire, autant que des sentiments et des désirs. Seul Dieu peut connaître les intentions cachées de l'homme, qu'elles soient d'ordre affectif ou intellectuel. C'est pourquoi la sincérité consiste à ouvrir son cœur.
AT - Psaumes, livre 7, verset 10 ; livre 17, verset 3 ; livre 26, verset 2 ; Livre de Jérémie, livre 11, verset 20 ; livre 17, verset 10 ; livre 20, verset 12
NT - Apocalypse, livre 2, verset 23



Accoucher dans la douleur

Avoir des difficultés à trouver une solution, à créer...
C'est aussi la punition d'Ève et des femmes pour avoir mangé le fruit défendu.
AT - Genèse, livre 3, verset 16


Action de grâce, eucharistie

Remerciements chaleureux et euphorique
L'action de grâce épistolaire était, dans l'Antiquité, une formule de politesse habituelle au début des lettres. Par extension, c'est devenu un préliminaire, notamment aux repas, sorte de merci anticipé à Dieu. Le grec eukharistia (reconnaissance) remplace, dans le NT, la bénédiction de l'AT, mais c'est là, en vérité, plus qu'un changement de formule : la bénédiction est une prérogative de Dieu que l'homme peut éventuellement prononcer en son nom ; mais l'homme doit répondre par la reconnaissance à la bénédiction qu'il a reçue. L'action de grâce par excellence, celle de Jésus lors de la dernière Cène, a gardé son nom grec d'eucharistie. 
AT - livre des Macchabées, livre 1, verset 11


Adam

L'hébreux âdâm signifie le terreux, et le premier homme a été créé à l'image de Dieu par Elohim ou tiré de la poussière par Yahvé, d'où son nom ('adâmâh, autrement dit le sol).
Les expressions formées sur son nom font allusion à l'état d'innocence, de dénuement, de nudité du Paradis terrestre, à l'époque reculée où il est censé avoir vécu.


Agapes

Repas copieux et festif
Les agapes (du grec agapê qui se traduit par amouré) sont à l'origine un repas fraternel de caractère liturgique, respecté par les premières communautés chrétiennes. Le principe semble avoir été de mettre en commun les nourritures pour que le pauvre bénéficie des mets apportés par le riche.
Très vite, cependant, ces repas dégénèrent car chacun apporte son propre dîner et l'un a faim et l'autre est ivre (saint Paul aux Corinthiens qui font bombance et se gavent sans pudeur). Les agapes devenues des occasions d'orgie sont interdites au IVe siècle, mais ne cesseront qu'au VIIe. 
NT - Épître de Jude, verset 12


Agneau parmi les loups

Symbole de l'innocence sacrifiée, de la victime consentante Voici l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde, ainsi s'exclame Jean-Baptiste à la vue de Jésus.
Depuis les Pères de l'Église, on y voit un rappel de l'agneau pascal dont la tradition a été fixée par Moïse et qui commémore la libération des Hébreux. La mort du Christ à Pâques en faisait l'hostie (victime offerte en sacrifice) par excellence de la Nouvelle Loi. L'expression peut également être rapprochée de l'agneau de culpabilité, de purification et d'expiation : celui qui enlève les péchés du monde. L'agneau était enfin le symbole de l'innocence et du Serviteur de Yahvé dans la prophétie d'Ésaïe. Les trois symboles ont été réunis dans la même image. Le Christ a lui-même comparé les apôtres à des agneaux quand il les envoie dans le monde comme des brebis au milieu des loups. 
NT - Évangile selon saint Jean, livre 1, verset 29


Aimer son prochain comme soi-même

Formule de l'amour sans réserve
Cette simple formule suffit à faire des Evangiles un des textes les plus sublimes jamais écrits, introduisant une révolution de pensée que deux mille ans de christianisme ont presque réussi à imposer.
Quoique tirée de l'AT, elle est caractéristique de la Nouvelle Loi, puisque le Christ a résumé celle-ci en deux uniques commandements : l'amour de Dieu et l'amour du prochain.
AT - Lévitique, livre 19, verset 18



Aimez-vous les uns les autres

Exhortation facilement parodiée...
Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. Ce commandement est solidaire de la formule aimer son prochain comme soi-même.
NT - Évangile selon saint Jean, livre 13, verset 34 ; livre 15, versets 12 et 17



Alléluia

Formule d'exultation, cri de joie
En hébreu : louez Yah (Yahvé). Intégré au départ dans un contexte syntaxique, il est très vite ressenti comme une formule rituelle : dans les Psaumes, il clôt et introduit un chant de louange. Les Septante et la Vulgate, dans ce cas, ne le traduisent pas, mais le transcrivent en grec et en latin : il s'agit donc bien, pour eux, d'un usage liturgique établi. Pour les chrétiens, l'alléluia est plus spécifiquement lié à la liturgie pascale et traduit la joie des fidèles à la résurrection du Sauveur. 
AT - Psaumes, livre 104, verset 35


Amen

Ainsi soit-il
Ponctuation finale d'une prière, d'un serment ou d'une vérité Ironiquement : accord sans réserve
Issu d'une racine hébraïque exprimant la fermeté, la solidité, Amen est le mot qui appuie les serments, les bénédictions et les malédictions. Le Dieu de l'Amen est celui qui garantit la validité. L'Amen par excellence est le Christ, témoin fidèle et véritable. Dans le NT, le mot clôt naturellement les prières, les bénédictions et les doxologies (formules de louange). De la part de Dieu ou du Christ, il s'agit donc d'un engagement (en vérité) ; de la part des fidèles, d'un souhait (ainsi soit-il) ou d'une formule d'adhésion à la prière faite en son nom (qu'il en soit ainsi). De là vient l'ambiguïté du terme.
AT - Livre des Nombres, livre 5, verset 22 ; Deutéromone, livre 27, verset 15



Ange

L'ange est avant tout un enfant charmant qui, devenu adulte, s'appelle désormais archange, mais n'en demeure pas moins tout aussi charmant.
Plus sérieusement, ange, au sens propre, signifie envoyé, messager, d'où l'expression complète ange du Seigneur, ange de Dieu.
Parfois considéré comme fils de Dieu, voire fils des dieux, l'ange peut être un simple porte-parole ou porter la désolation (ange exterminateur), donner la protection (ange gardien)... Dans le sens originel, il peut y avoir bien entendu des anges de Satan ou de l'abîme, comme il y a des anges de Dieu. La hiérarchie céleste ne sera définie que par le pseudo-Denys l'Aréopagite (V-VIe siècle) : archanges et anges y occupent les deux dernières places... 
L'ange gardien est le compagnon personnel de chaque homme qu'il exhorte au bien quand son mauvais ange le pousse au mal. Cette image populaire n'apparaît pas telle quelle dans la Bible.
L'existence d'un bon ange qui veille sur un élu à une période critique de sa vie est cependant postulée par l'histoire de Tobias, fils de Tobit, que Raphaël guidera dans son voyage. La notion d'ange protégeant un homme particulier est rare dans l'AT où l'on préfère celle de l'ange protecteur de tout un peuple. Dans le NT, il semble admis que certaines personnes aient leur ange. Aucun concile n'a cependant défini l'existence de ces anges gardiens, mais pour les théologiens, nier une croyance tellement universelle serait une erreur, sinon une hérésie. 

AT - Genèse, livre 16, verset 7



Ange gardien

L'ange est avant tout un enfant charmant qui, devenu adulte, s'appelle désormais archange, mais n'en demeure pas moins tout aussi charmant. Plus sérieusement, ange, au sens propre, signifie envoyé, messager, d'où l'expression complète ange du Seigneur, ange de Dieu.
Parfois considéré comme fils de Dieu, voire fils des dieux, l'ange peut être un simple porte-parole ou porter la désolation (ange exterminateur), donner la protection (ange gardien)... Dans le sens originel, il peut y avoir bien entendu des anges de Satan ou de l'abîme, comme il y a des anges de Dieu. La hiérarchie céleste ne sera définie que par le pseudo-Denys l'Aréopagite (V-VIe siècle) : archanges et anges y occupent les deux dernières places... 
L'ange gardien est le compagnon personnel de chaque homme qu'il exhorte au bien quand son mauvais ange le pousse au mal. Cette image populaire n'apparaît pas telle quelle dans la Bible.
L'existence d'un bon ange qui veille sur un élu à une période critique de sa vie est cependant postulée par l'histoire de Tobias, fils de Tobit, que Raphaël guidera dans son voyage. La notion d'ange protégeant un homme particulier est rare dans l'AT où l'on préfère celle de l'ange protecteur de tout un peuple. Dans le NT, il semble admis que certaines personnes aient leur ange. Aucun concile n'a cependant défini l'existence de ces anges gardiens, mais pour les théologiens, nier une croyance tellement universelle serait une erreur, sinon une hérésie.
AT - Genèse, livre 16, verset 7 


Apporter sur un plat d'argent

Danse de Salomé
Donner avec déférence, prévenir les désirs
L'expression est née de l'épisode de la Danse de Salomé ; elle signifie Donner avec déférence, prévenir les désirs, et plus particulièrement lorsque Salomé réclama la tête du prophète Jean-Baptiste qui lui fut apportée sur un plateau d'argent.
La danse de Salomé devint un thème iconographique apprécié, car il permettait la représentation d'une scène profane originale dans l'art parfois statique des sculpteurs de cathédrales.
NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 14, versets 6 à 12 ; Évangile selon saint Marc, livre 6, versets 6 et 21 à 29


Arbre de vie

Symbole de la vie, de la renaissance, de l'exaltation, cet arbre dont le fruit donne l'immortalité, a été planté par Dieu dans le jardin d'Eden.
C'est pour éviter qu'Adam le mange comme il a mangé la pomme de la connaissance que Dieu le chasse du Paradis. Cependant, la mort n'est apparue qu'après la consommation du fruit défendu, on peut se demander à quoi aurait servi cet arbre d'immortalité : peut-être ne s'agit-il originellement que d'un seul et même arbre.
Peut-être aussi la connaissance n'est-elle que la prise de conscience par l'homme de son caractère mortel : la découverte du corps (à travers la nudité) est la découverte de la fragilité, de la portion mortelle de l'homme. La fonction de la religion serait dès lors de montrer par quel chemin l'homme peut retrouver l'arbre de vie. Pour ceux qui trouveraient sadique un Dieu plantant des arbres interdits, l'explication folkloriste qui tente de reconstituer un récit originel, semblera plus réconfortante. Dieu aurait planté un arbre de vie et un arbre de mort pour laisser à Adam le choix de sa condition. Il aurait envoyé le serpent pour conseiller à l'homme de manger de l'arbre de vie, qui lui aurait donné l'immortalité. Mais le serpent, voulant garder pour lui cette immortalité, transmet le conseil inverse.
À lui donc le fruit de la vie, à l'homme celui de la mort. 
AT - Genèse, livre 2, verset 9 ; livre 3, verset 22


Arche d'alliance

Pacte entre Dieu et un homme, un peuple ou l'ensemble de l'humanité, ce sanctuaire mobile, fabriqué sur les indications données par Dieu à Moïse, était religieusement transporté dans tous les déplacements du peuple hébreu.
On évite de toucher l'arche sainte, même pour la relever de la boue (un jour que les bœufs qui portaient l'arche regimbèrent et que celle-ci menaça de glisser, Osa la retint de sa main et mourut sur le champ).
L'Arche a perdu de son importance au profit du Temple lorsque les Hébreux se sont sédentarisés.
On ne sait pas très bien quand elle disparut — sans doute lors de la destruction du Temple en 587 av. JC.
La description de l'arche, en bois, est doublée de métal et ornée d'anneaux, a pu évoquer une bouteille de Leyde. Aurait-elle été un condensateur électrique dont seuls les prêtres, par leurs vêtements liturgiques, auraient été protégés ? Le foudroiement d'Osa et les menaces ne se conformant pas aux diktats vestimentaires s'expliqueraient rationnellement. Le texte biblique, malgré sa précision, se prête assez peu à cette interprétation.
À noter que l'arche d'alliance ('arôn) et l'arche de Noé (têbâh) se sont confondues dans la traduction latine. 
AT - Genèse, livre 9, versets 8 à 17 


Arme à double tranchant

Se dit d'un comportement qui peut avoir des effets opposés et se retourner contre son auteur
Le glaive d'Aod (Ehoud) lui sert à tuer Eglon, roi de Moab qui retient les Hébreux captifs.
L'emploi figuré n'est pas cependant dans les Proverbes, où le glaive à double tranchant désigne les lèvres de la femme adultère (ou étrangère), qui distillent tour à tour le miel et l'absinthe, le doux et l'amer.
L'épée à deux tranchants symbolise aussi, dans la Bible, l'arme particulièrement meurtrière.
AT - Livre des Juges, livre 16, verset 3 ; Proverbes, livre 5, verset 4
NT - Épître aux Hébreux, livre 4, verset 12 ; Apocalypse, livre 1, verset 16 ; livre 2, verset 12


Assis à la droite de Dieu

Etre remarqué par son patron, être bien vu et mériter cette place de choix
La droite est la place de la puissance, de l'autorité et du bien : c'est celle de la reine à côté du roi. Tout naturellement, le Messie attendu s'assiéra à la droite de Dieu. C'est d'ailleurs cette référence qui permet aux évangélistes de prouver que le Christ est fils de Dieu et ressuscité, et non fils de David comme le disent les pharisiens. Ce sera enfin la récompense des élus lorsque le berger triera son troupeau : et il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
AT - Psaumes, livre 110, verset 1
NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 22, verset 44 ; Évangile selon saint Marc, livre 12, verset 36 ; Évangile selon saint Luc, livre 20, verset 42 ; Actes des Apôtres, livre 2, verset 34 ; Épître aux Éphésiens, livre 1, verset 20 ; Épître aux Colossiens,livre 3, verset 1 ; Première épître de Pierre, livre 3, verset 22


Aux quatre coins du monde

Ou aux quatre coins de la terre, c'est-à-dire : Partout.
AT - Livre d'Esaïe, livre 11, verset 12 NT - Apocalypse, livre 10, verset 8


Aux quatre vents

Les Anciens nommaient les points cardinaux par les vents soufflant des directions correspondantes, l'expression désigne donc ce qui part dans toutes les directions, partout dans le monde.
À noter que l'expression n'est pas limitée à la Bible, elle est restée dans le folklore de quatre vents se disputant le monde, allant jusqu'au duel, au Nouvel An.
AT - Livre de Ézéchiel, livre 37, verset 9 ; Livre de Zacharie, livre 2, verset 10 ; livre 6, verset 5...


Avoir la tête dure, la nuque raide

Être obstiné
À l'origine, c'est l'attitude de celui qui défie, qui regarde dans les yeux et refuse de plier la tête devant son maître, même lorsqu'il est en faute.
Le peuple à la nuque raide est la maison d'Israël sans cesse révoltée contre Yahvé. La traduction latine, durae cervicis a été rendue dans les premières versions françaises par peuple à la tête dure ; l'expression nous est restée, concurrencée déjà par la traduction plus proche de l'hébreu.
AT - Exode, livre 32, verset 9 ; livre 33, versets 3 à 5 ; livre 34, verset 9 ; Deutéronome, livre 9, versets 6 et 13 ; livre 31, verset 27


Avoir le don des langues

Langue de feu
Allusion à la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, qui leur a permis de parler d'autres langues : cinquante jours après la crucifixion de Jésus, les apôtres se trouvaient réunis lorsqu'un bruit violent vint du ciel ; des langues de feu se posèrent sur chacun d'eux : ils se trouvèrent remplis de l'Esprit saint et se mirent à parler en d'autres langues. Ce miracle leur permit d'aller prêcher dans les pays étrangers.
NT - Actes des Apôtres, livre 2, verset 3



Baal

Serveurs hypocrites de la divinité. 
NT - Livre des Juges, livre 2, verset 11



Baal-Zebud, Belzébuth

ou Baal-Zebud
Dieu d'Eqron, prince des démons
Baal-zéboul, le seigneur-prince était le dieu cananéen d'Eqron, sans doute un dieu de l'orage, dont le titre était devenu nom. Baal-Zébub, le seigneur des mouches, est une déformation intentionnelle et péjorative du nom. Le NT comprendra Baal-Zéboul comme le seigneur du fumier (zâbal) et en fera le prince des démons. 
La tradition française l'a déformé en Belzébuth.
AT - Livre des rois, versets 1, 2, 3, 6 et 16



Babylone

La Babylone moderne, la grande prostituée
Bab-ili (la porte de Dieu), ville mésopotamienne sur l'Euphrate connue depuis le XXIIIe siècle av. JC, devient la capitale d'un vaste empire qui devait durer quinze siècles, avec des alternances de périodes fastes et de déclins.
Elle fut particulièrement florissante sous le règne d'Hammourabi, au XVIIIe siècle et sous Nabuchodonosor, au VIe siècle. C'est à cette époque que les Hébreux y furent emmenés en esclavage : l'épisode, célèbre (Nabucco de Verdi) a nourri comparaisons et allusions. 
La ville, abandonnée vers 300 av. JC, est le parangon de l'exil ou de la corruption. Dans l'Apocalypse, elle désigne cryptiquement Rome, la grande ville corrompue par les plaisirs matériels.
Babylone, quoique disparue, a continué à symboliser l'ennemi de la nation hébraïque, d'où le proverbe Sion pleure quand Babylone rit...


Baiser de Judas

Geste d'affection cachant une intention sournoise
C'est au domaine de Gethsémani que Judas salue Jésus d'un baiser qui était en fait un signe de reconnaissance pour les soldats venus l'arrêter.
On s'est interrogé sur la nécessité de ce signe pour un homme aussi public que le Christ. Peut-être y a-t-il un rappel de l'AT : Digne de confiance est l'ami qui blesse, mais un ennemi prodigue les baisers. Mais c'est surtout le symbole du geste d'amour, du baiser sacré censé donner la paix, pour la trahison suprême qui a frappé. On l'a aussi rapproché du baiser de paix que les chrétiens se donnaient à la messe. Jadis, on l'omettait les trois derniers jours de la semaine sainte en souvenir de la trahison.
On a pourtant pu voir dans ce baiser un acte de réconciliation. Judas qui souhaitait conserver à la mission du Christ le caractère d'une rébellion contre Rome, aurait cru que son maître, acculé par la dénonciation, aurait dit oui à la résistance et se serait enfui. La passivité de Jésus aurait été la fin du rêve de Judas, qui n'avait plus qu'à demander pardon de sa trahison. Hypothèse séduisante, mais indémontrable... NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 26, versets 48 et 49


Bâtir sur le sable

Se lancer dans une entreprise ambitieuse dont les bases ne sont pas solides, échafauder des hypothèses sans fondement
Celui qui entend les paroles du Christ et les pratique bâtit sur la roche ; mais s'il ne les pratique pas, il bâtit sur le sable.
Jésus dénonce par là tous ceux qui se recommandent de lui mais qui n'appliquent pas son enseignement ; le jour venu, il les renverra.
Pour le repos de bien des chrétiens, il vaudrait mieux oublier ce passage...
NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 7, verset 26



Bâton de Moïse

Le bâton, le rameau, la verge d'Aaron, de Moïse
Attribut du commandement et du pouvoir magique
Il s'agit là du bâton de commandement des patriarches qui est la houlette du berger, et l'attribut du chef de clan dans les populations nomades.
Sceptre des rois, crosse des évêques, baguette du magicien (ou du chef d'orchestre !), il restera le symbole du pouvoir qu'il est depuis la Genèse. C'est aussi le symbole du royaume et de la tribu (en hébreu, shêbèt signifie à la fois bâton et tribu. Le bâton de Moïse est celui d'Elohim, il se change en serpent pour convaincre les Hébreux de la mission de Moïse, engendre les dix plaies d'Egypte, ouvre la Mer Rouge, fait jaillir l'eau du rocher du désert. Peut-être indique-t-il l'eau comme une baguette de sourcier ?
AT - Livre des Nombres, livre 17, versets 16 à 26 NT - Épître des Hébreux, livre 9, verset 4


Bâton de vieillesse

Soutien physique ou moral, matériel ou spirituel, d'un homme vieilli
Lorsque Tobit envoie son fils Tobias rechercher de l'argent laissé en dépôt, sa femme lui reproche d'avoir laissé partir le baculum senectutis nostrae, devenu virga manus nostrae (bâton de notre main) dans la Vulgate actuelle.
AT - Tobit, livre 5, verset 18



Benjamin

La coutume de donner à l'enfant nouveau-né le prénom de so rang dans la famille a perduré avec Benjamin qui désigne le cadet de la famille, et d'une manière plus générale, les jeune générations.
Benjamin était le fils de Jacob et de Rachel, l'épouse préférée dont il causa la mort. Il fut d'autant plus cher à son père qu l'appela Binyâmin, le fils de la droite. Dans le contexte biblique il s'agit d'un nom de bon augure, que l'on pourrait traduire pa fils du bonheur. Jacob l'avait choisi à la hâte pour conjurer le mauvais augure du nom donné par Rachel mourante à son fils : Bénoni, fils de ma peine.
Peut-être s'agit-il du nom donné à l'ancêtre éponyme de la tribu de Benjamin, qui aurait été ainsi nommée parce qu'elle s'étai établie au sud des autres tribus d'Israël, et en regardant vers l'est, les fils de la droite étaient en effet les fils du Sud. 
AT- Genèse, livre 35, versets 16 à 20, et verset 24


Bible

Le grec biblon (du nom de Byblos qui contrôle le commerce du papyrus égyptien) signifiait coeur du papyrus et par extension livre. Dans l'AT, c'est encore un substantif ordinaire : livre de la Loi, livre de Moïse... Mais l'emploi absolu se trouve déjà dans Daniel (9,2), où il désigne probablement les livres prophétiques (au pluriel biblia).
C'est sur ce neutre pluriel que l'on forma le féminin singulier bible, qui désigne les deux Testaments dès le IIe siècle (saint Jean Chrysostome).
Par extension, il désigne aujourd'hui un livre de référence, dans lequel tout s'y trouve et retrouve — sauf vous, complètement perdu !!!


Bienheureux les pauvres en esprit

« Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux leur appartient » : telle est la première des huit Béatitudes évoquées par Jésus dans le Sermon sur la montagne.
Formule proclamant le bonheur de ceux qui savent renoncer librement aux biens terrestres, donc, et souvent prise ironiquement... Disons que ça laisse quelque espoir aux plus démunis, parce que se défaire de son esprit n'est pas forcément un choix dans cette société du spectacle... n'est-ce pas ? La pauvreté intérieure serait supérieure encore à l'idéal franciscain. Il faudrait arriver à ne rien vouloir, ne rien savoir, pas même accomplir la volonté de Dieu, et parvenir ainsi à se libérer de Dieu et de toutes ses œuvres que Dieu lui-même, s'il veut opérer dans l'âme, devienne le lieu où il veut opérer... L'enseignement de maître Eckhart (XIII-XIVe siècles, la grande période du mysticisme) fut condamné en 1329, hors ce sermon (52).
NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 5, verset 3


Boire le calice jusqu'à la lie

La coupe d'amertume
Subir l'adversité jusqu'au bout ; s'emploie lorsqu'on se croit arrivé au terme de ses peines et qu'un rebondissement imprévu vient les prolonger.
La coupe est l'image traditionnelle de la colère de Yahvé. Le calice (calque du latin calix) est déjà une épreuve pénible, mais s'il faut en plus en boire la lie, ce résidu amer qui s'est déposé au fond, le châtiment est absolu ! C'est celui, en tout cas, que réserve le Dieu d'Israël, aux méchants. On confond aujourd'hui ce calice avec celui dont se plaignait le Christ au mont des Oliviers. Confusion entretenue par l'usage exclusivement liturgique du calice (au sens propre : vase où l'on consacre le vin de la messe) qui, sans renvoyer à ce passage, semble faire de la coupe d'amertume une allusion au NT. 
AT - Psaumes, livre 75, verset 9


Bon pasteur, bon berger

Homme dévoué jusqu'à la mort
Le Bon Pasteur est celui qui donne sa vie pour ses brebis, à l'opposé du berger mercenaire qui fuit devant le loup. Il désigne le Christ par opposition aux prêtres de l'ancienne Loi.
L'image du roi-pasteur est fréquente dans l'Orient ancien.
Les pharaons du Nouvel Empire se disent aussi pasteurs de leur peuple. La royauté sacrée des Assyro-Babyloniens se définit pareillement. Dans le code d'Hammourabi (prologue) est le premier titre que revendique le roi ; de même, dans l'épilogue, Hammourabi se vante de s'être bien acquitté du pastorat que lui avait donné Marduk.
NT - Évangile selon saint Jean, livre 10, verset 11
AT - Livre d'Ésaïe, livre 40, verset 11 ; Livre de Jérémie, livre 2, verset 8 ; livre 10, verset 21 ; livre 23, versets 1 à 3 ; Livre d’Ézéchiel, livre 34, versets 11 à 16 et 23



Bon Samaritain

Personne qui se dévoue pour son prochain
La parabole du Bon Samaritain introduit une nuance à l'amour évangélique du prochain : « Qui est mon prochain ? » demande un légiste à Jésus.
Celui-ci évoque alors le voyageur dépouillé par des brigands, et laissé blessé sur la route. Un prêtre puis un lévite s'en écartent, tandis qu'un Samaritain le secourt, l'emmène dans une auberge et paie son hébergement. « Lequel des trois à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme qui était tombé sur les bandits ? Le légiste répondit : C'est celui qui a fait preuve de bonté envers lui. Jésus lui dit : Va et toi aussi, fais de même. »
Le prochain n'est donc pas celui que l'on respecte parce qu'il respecte la loi, mais l'étranger que l'on n'a pas choisi, qui est arrivé par hasard, mais qui nous a sauvé la vie.
La parabole est une pierre dans le jardin de ceux qui font passer le devoir avant la charité.
Il serait cependant regrettable d'en faire une restriction à l'amour évangélique, puisque le pardon des offenses invite à aimer le prêtre et le lévite aussi bien que le Samaritain.
NT - Évangile selon saint Luc, livre 10, versets 30 à 37


Bouc émissaire

Celui que l'on charge de tous les torts, à qui l'on fait porter la responsabilité pour les autres
Une fois par an, le jour des Pardons, les prêtres doivent faire disparaître toute impureté de la communauté d'Israël en transférant les fautes sur un bouc que l'on chasse du troupeau afin qu'il les emporte vers une terre stérile. Deux boucs sont présentés à Yahvé ; le sort désigne celui qui appartient à Dieu et doit être sacrifié, et celui appartient à Azazel (hébreu 'azazêl, force de Dieu, nom donné au bouc émissaire). L'animal n'est donc pas mis à mort mais exilé et la malédiction de la terre retombe sur un sol déjà aride. Son sort n'est peut-être pas plus mal que celui du bouc qui sera sacrifié à Yahvé...
Cette expression biblique est une des plus employées car elle correspond malheureusement à un phénomène social des plus répandus. 
Il y a plusieurs espèces de boucs émissaires. La situation de base est celle d'une communauté coupable dans sa totalité et qui, pour ne pas porter sa responsabilité, la délègue à l'un de ses membres qui paiera pour tous les autres. Mais cette culpabilité peut être réelle ou supposée. Comment dès lors désigner le bouc émissaire ?
Ce peut être le plus faible, ou mieux un authentique criminel, même si sa faute n'a pas de rapport évident avec le mal encouru. Une simple tare physique ou morale qui dénonce déjà un membre de la communauté comme mal aimé de Dieu peut désigner sans risque d'erreur la victime idéale : les borgnes, bossus, roux, gauchers et idiots de village en savent quelque chose... Très prisées aussi pour tenir ce rôle, les minorités ethniques ou sociales (juifs, Francs-maçons, homosexuels, travailleurs immigrés...). 
Plus simple et expéditif, désignons nos ennemis personnels ! Nec plus ultra, enfin : celui qui réunit deux ou trois de ces péchés originaux.
Nos sociétés évoluées n'ont bien sûr plus de tels dérivatifs à la mauvaise conscience collective, mais on recourt volontiers aux boucs émissaires lorsqu'un groupe social défini a commis une faute bien réelle.
La multiplicité des expressions pour désigner le phénomène (porter le chapeau, refiler l'ardoise<, soupape de sécurité, fusible...) est en soi révélatrice. Le bouc émissaire est alors une façon de conforter le pouvoir en place, qui n'a plus à craindre de répondre de ses actes s'il a pris la précaution de multiplier les relais de responsabilité.
Et n'est-ce pas pratiquement le cas à l'échelle de tout un peuple lorsqu'il pouvait acheter son innocence au prix d'un bouc ? 
AT - Lévitique, livre 16, versets 8 à 10 et 20 à 22



Brebis égarée

Homme qui s'écarte des comportements sociaux habituels et qu'une bonne âme ramène dans le droit chemin
Le pasteur se réjouit davantage pour une brebis égarée et retrouvée que pour le reste du troupeau.
La parabole apporte la même leçon que celle de l'enfant prodigue.
NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 18, versets 12 à 18 ; Évangile selon saint Luc, livre 15 ; première Épître de Pierre, livre 2, verset 25