Se regarder en chiens de faïence

Sur le perron des maisons bourgeoises...
C'est se regarder avec hostilité, aussi raides et immobiles que les chiens de faïence, gardiens symboliques qui décoraient de part et d'autre le perron des maisons bourgeoises du XIXe siècle.


Tirer à hue et à dia

Ce n'est pas le signe d'une bonne organisation dans aucun domaine que de « tirer à hue et à dia » ! « Ce sont là, dit Furetière, dont se servent les chartiers pour faire avancer les chevaux dans le droit chemin. Il est venu en usage dans cette phrase figurée et proverbiale : il n'entend ni à dia, ni à hurhaut ; pour dire, « c'est un brutal qui n'entend point la raison, quelque parti qu'on lui propose ». Les chartiers se servent de dia pour faire aller leur cheval à gauche, & de hurhaut pour les détourner à droite ». Droite ou gauche, un choix capital certes, mais souvent difficile à opérer. « Il est normal que les uns tirent à hue et les autres à dia, disait R. Escarpit dans un de ses billets du Monde. A ne pas vouloir choisir, au mieux on reste immobile, au pire, on est écartelé ».


Un chaud lapin

Chaud de la pince 
Lapin est un mot relativement récent qui apparaît au XVe siècle. En ancien français, l'animal portait le nom de connil  ou de connil. Mais ces deux noms avaient deux fâcheux homonymes qui désignaient le sexe, la vulve de la femme. Les jeux de mots obscènes qu'ils occasionnaient finirent par les faire disparaître au profit du mot lapin. L'expression être un chaud lapin date des années 30. Plus qu'une référence aux moeurs sexuelles et à la fécondité de l'animal, elle semble être un jeu de mots sur l'expression bien antérieure « être chaud de la pince » (pince étant dit ici pour pénis).


Un coup de pied en vache

Une ruade de cheval 
C'est un terme de manège. On ne se méfie pas du cheval qui de façon inattendue rue de côté comme une vache au lieu de ruer en arrière comme font d'habitude les chevaux. La formule est souvent abrégé en coup en vache.


Un temps de chien

L'expression « il fait un temps de chien » qui se dit par très mauvais temps se comprend mieux par sa variante : « il fait un temps à ne pas mettre un chien dehors » (attestée dès le XVIIIe siècle).
Et pourtant, les chiens de ferme n'étaient pas autorisés à franchir le seuil de la maison ; il fallait que le temps soit vraiment épouvantable pour qu'on prenne pitié du chien et qu'on le laisse entrer se mettre à l'abri.


Une peau d'âne

Un diplôme sur parchemin 
La peau d'âne servait à faire des tambours. Elle ne servait pas à écrire. C'est la peau de chèvre qui servait à faire du parchemin. Et la peau de mort-né, du vélin. C'est sur ce type de support qu'étaient jadis calligraphiés en ronde ou en bâtarde les diplômes de l'Université. Appelés parchemins par leurs heureux bénéficiaires mais peaux d'âne par les étudiants malchanceux qui n'arrivaient pas à les obtenir : une boutade digne du bonnet d'âne !