Prendre le contre-pied

De la bête 
Les chiens de chasse sont souvent plus bêtes que la bête qu'ils traquent. Se dirigeant au flair, ils sont incapables de lire sur le sol les empreintes du gibier et donc sa direction. 
Il arrive souvent ainsi à la meute d'en suivre la voie à rebours ! Au XVIe siècle, prendre le contre-pied, c'était commettre une erreur. 
Aujourd'hui, c'est faire le contraire de ce qui est attendu mais sans forcément faire une erreur.


Prendre le vent

Ce n'est pas comme on pourrait le croire un terme de marin mais de chasseur. 
Le chien de chasse flaire le vent pour repérer dans quelle direction se trouve le gibier.


Prendre les devants

Pour retrouver la bête 
On ne perçoit plus l'origine cynégétique de la locution. Quand un cerf rusé parvient à prendre en défaut la meute et lui fait perdre sa trace, les veneurs font faire aux chiens une grande boucle pour retrouver ses empreintes en avant de l'endroit où ils l'ont perdu. Ainsi peuvent-ils les remettre sur la voie de l'animal. Cela s'appelle prendre les devants. Prendre à défaut, remettre sur la voie : encore deux autres locutions venues de la chasse à courre sans qu'on en ait bien conscience.

Réclamer à cor et à cri

Comme à la chasse à courre 
Aussitôt que les chiens parviennent sur la voie du cerf se déchaînent les cors et les cris de la chasse à courre. 
Les cris sont les ordres donnés aux chiens, les cors s'adressent aux veneurs, aux maîtres d'équipage, aux piqueurs et aux valets de chiens.


Remettre sur la voie

On ne perçoit plus l'origine cynégétique (= relatif à la chasse) de la locution. 
Quand un cerf rusé parvient à prendre en défaut la meute et lui fait perdre sa trace, les veneurs font faire aux chiens une grande boucle pour retrouver ses empreintes en avant de l'endroit où ils l'ont perdu. Ainsi peuvent-ils les remettre sur la voie de l'animal. Cela s'appelle prendre les devants.
Prendre à défaut, remettre sur la voie : encore deux autres locutions venues de la chasse à courre sans qu'on en ait bien conscience.


Un fin limier

Chien de chasse 
Le limier − de liem, lien − est un chien en laisse. Il ne doit pas être comme les autres. Sa première qualité est d'être haut de nez, mais il doit également être obéissant et secret, c'est-à-dire ne donner de la voix, et encore de façon discrète, qu'à bon escient. 
Mais c'est son maître qui, tel un Sioux utilisant différents indices (traces au sol, branches froissées, etc.), détermine, sans l'avoir vu, la nature, l'emplacement, et même l'âge de l'animal à traquer. Le limier au bout de sa laisse lui sert pour ainsi dire de pifomètre avancé !


Être de la jaquette flottante

Avoir ses basques fendues 
Comme la queue de pie ou la queue de morue, la jaquette est une veste longue dont les basques arrière sont largement fendues pour permettre aux autres... de s'asseoir sans difficulté. 
Encore employée pour désigner les vieux homosexuels passifs, être de la jaquette est calqué sur le donner dans la manche du Grand Siècle et sur le très voilé il en est du XIXe siècle.

Être de la pédale

Depuis 1836, on qualifie de pédés les homosexuels. En partie à tort, car étymologiquement parlant pédéraste signifie seulement « qui aime les jeunes enfants ». 
Simple jeu de mots, la pédale désigne le monde des pédés et des pédoques depuis 1929 sans qu'il soit besoin d'aller chercher une quelconque anecdote cycliste. Être de la pédale a simplement remplacé des appellations vieillies du même style être de la jaquette, être de la rosette ou tout simplement en être
Dans le même esprit, pédé comme un phoque ne fait pas référence à des mœurs contre nature de ce mammifère marin. Ce serait un calembour sur le mot foc (avec l'idée de vent arrière) ou sur l'appartenance de l'animal à la famille des pinnipèdes.

Marcher à la voile et à la vapeur

Terme de marin au long cours à qui l'on prête des pratiques homosexuelles à bord et hétérosexuelles au port. 
Synonyme d'être bique et bouc, ou de marcher au vinaigre, deux expressions qu'on pourrait croire très anciennes, mais qui n'ont pas vingt ans.
Pour leur part, les Anglais ne sont pas en reste avec AC/DC : « alternative current, direct current » qui a le même sens en même temps que le nom d'un célèbre groupe de rock.


Pédé comme un phoque

À voile et à vapeur 
Depuis 1836, on qualifie de « pédés » les homosexuels. En partie à tort, car étymologiquement parlant pédéraste signifie seulement « qui aime les jeunes enfants ». 
Simple jeu de mots, la pédale désigne le monde des pédés et des pédoques depuis 1929 sans qu'il soit besoin d'aller chercher une quelconque anecdote cycliste. 
Dans le même esprit, pédé comme un phoque ne fait pas référence aux mœurs de ce mammifère marin. Ce serait un calembour sur le mot foc (avec l'idée de vent arrière) ou sur l'appartenance de l'animal à la famille des pinnipèdes.


Prout prout ma chère !

Pour désigner un homosexuel et, par extension, un homme au comportement précieux. Souvent dit avec une intonation affectée. 
« − Oui, tiens, excuse-moi, j'y vais carrément : tu fais tante !
− Tante ? Oh ! quel vilain mot... 
− Oui, tata, tantouze, pédé, pédale, prout, ma chère, j'te jette un cil ! » 
Robert Sabatier, in Boulevard


Avoir de l'estomac

Du coeur au ventre 
Avoir mal au cœur ou le cœur au bord des lèvres témoignent de la confusion qui existait jadis entre l'estomac et le cœur.
Avant le XVIe siècle, l'estomac était même considéré comme le siège de l'intelligence ! Et comme celui du courage, d'où avoir de l'estomac
Au temps des Précieuses Ridicules, estomac remplacera poitrine, mot jugé comme du dernier vulgaire. Et mot jugé de la pire indécence au XIXe siècle où la bienséance exigeait qu'on parlât de gorge (d'où soutien-gorge).


Avoir des yeux dans le dos

Percevoir, sentir ce qui se passe derrière soi
« "Allez, grand-père, en route !" 
Je l'aidais à remettre son sac, on repartait pour quatre ou cinq cents mètres de silence mais comme j'avais des yeux dans le dos, dès que je le sentais en difficulté, je m'arrêtais à nouveau », Jacques Lanzmann, in La Baleine blanche


Avoir l'estomac dans les talons

Mourir de faim 
Avoir l'estomac dans les talons qui se dit pour avoir très faim a une variante très plaisante (1898) sous la forme de avoir l'estomac dans les gadins (in Esnault). 
L'estomac vide semble alors s'agrandir et occuper tout le bas du corps, jusqu'aux pieds en outre, dans le contexte de la marche, les talons font souffrir le marcheur, à l'égal de son estomac avant l'étape.
Mais cette explication rationnelle ne suffit pas ! L'image implicite est celle de marcher sur son estomac, bien que le détail de la réalisation formelle reste obscur.


Avoir la bosse des maths

Une bosse de rigolade 
Les théories de Gall font aujourd'hui se tordre de rire les scientifiques. Pourtant, les Parisiens qui se piquaient de science sous le Premier Empire, ne juraient que par elles. Ils venaient en foule aux conférences des deux savants en vogue, Mesmer et son magnétisme, Gall et sa phrénologie (ou cranioscopie, si si !). 
Gall prétendait mesurer l'intelligence (phren en grec) par les bosses du crâne. Des théories fumeuses de ce savant allemand, il ne subsiste que la bosse des maths, évoquée généralement par ceux qui ne l'ont pas ou ceux qui ne... bossent pas assez pour comprendre cette discipline !


Avoir la vérole et un bureau de tabac

Locution médicale... 
Fait pour un patient de présenter plusieurs pathologies n'ayant généralement pas de lien entre elles. Expression médicale s'il en est, avoir la vérole et un bureau de tabac, c'est vraiment avoir des maux qui n'ont rien à voir, comme un rhume, la tuberculose, une chaude-pisse, voire, comme se plaisent à dire les médecins dans leur parler carabin, une hépatite virile.


Avoir les mains pleines de doigts

Pour marquer le côté pataud, la maladresse physique d'une personne ou la répugnance que l'on a à être touché par quelqu'un (qu'il s'agisse d'une poignée de main ou d'une main baladeuse).

Avoir une dent contre quelqu'un

Une dent de lait 
Nos parents disaient : « J'ai gardé une dent de lait contre lui », autrement dit gardé la mémoire d'un affront de sa part alors qu'on aurait dû la perdre comme on perd une dent de lait.

Avoir une mine de papier mâché

Être blanc comme plâtre 
Le nom de papier mâché pourrait laisser croire qu'il est écrasé entre les dents et malaxé avec la salive. 
En fait, le papier mâché était fabriqué selon un procédé artisanal qui consistait à détremper ou du carton dans un récipient. Il était mêlé à de la colle ou du plâtre qui lui donnait sa rigidité ainsi qu'une couleur gris blanchâtre qui suffit à expliquer la locution.


Bilanter

Faire le bilan biologique d'un patient, notamment en cas de transfusion 
Faire un bilan de santé, c'est plus rapidement, bilanter. De même que grouper se dit pour vérifier le groupe sanguin d'une personne.

Connaître sur le bout des doigts

En suivant les lignes 
C'est en suivant les lignes avec le bout du doigt que les enfants apprennent à lire. Certains adultes pratiquent de même. Surtout quand ils ont à apprendre un texte par cœur. On a commencé par dire savoir au doigt, ad unguem, disaient les Latins.


Couper les cheveux en quatre

Rien de plus aisé 
Les pinailleurs adorent couper les cheveux en quatre, chercher la difficulté, ergoter sur les moindres détails. À ce détail près que rien n'est plus facile que de couper un cheveu en quatre ! 
Ce qui est difficile, c'est de fendre un cheveu en quatre dans le sens de la longueur comme on le précisait encore au XVIIe siècle. Encore une expression tronquée !


Des ongles en deuil

Ongles noirs, sales (Delvau, 1867) 
Métaphore populaire, qui utilise la coutume associant le noir au deuil, à la mort... 
On aurait pu assimiler l'ongle à un message ou à un symbole de deuil (ce qui eût donné ongle de deuil comme on disait au XVIIe siècle dans le même sens ongle de velours ; au contraire en deuil suppose une assimilation anthropomorphique, qui personnalise l'ongle et implicitement le doigt, la main.


Dorer la pilule

Pour mieux la faire avaler 
Il fallait du courage, autrefois, pour se soigner ! Saignées, clystères, ventouses scarifiées, cataplasmes ou cautères étaient douloureux. Les médicaments avaient un goût affreux que toutefois les apothicaires s'efforçaient de masquer. Ils les enrobaient de sucre pour leur donner une apparence flatteuse, afin que les patients acceptent d'avaler la pilule (du latin pilula, petite boule).


Être en nage

Être ruisselant de sueur 
Furetière connaissait déjà la tournure : « On dit aussi être en nage pour dire être en sueur, tout mouillé, soit pour s'être échauffé, soit pour avoir été à la pluye, soit dans une crise de maladie ». 
L'interprétation de cette locution, curieuse si l'on y réfléchit, et moins évidente qu'elle en a l'air, est un sujet de controverse. Certains suivent l'explication de M. Rat : « On disait au Moyen Âge être en age (être en eau), puis quand le mot age cessa d'être usité, la locution fut altérée. » Malheureusement, l'évolution de eau est plutôt eive, eve, aive, iaue, et aussi loin que l'on remonte dans les textes du Moyen Âge, on ne trouve aucune trace d'age dans le sens de eau (qui a pu exister cependant au moment du passage du latin aqua, lequel a donné aussi l'occitan aiga, à une époque très reculée).
Littré nous livre ici son interprétation qui donne pour origine à nage, abondamment attestée, devenue en nage, probablement pour des raisons d'euphonie : « Être à nage ou en nage, c'est proprement nager dans l'eau, et figurément être tout mouillé de sueur. »
En effet, à nage a eu le sens secondaire de baigner dans l'eau, être trempé. C'est la même idée de nager au sens de baigner dans un liquide qui semble avoir cheminé dans la langue quand on dit qu'un morceau de viande nage dans la sauce, ou dans le beurre. 
C'est de cette notion que G. Esnault note pour 1900 à Lille : « nager : être submergé, en parlant des champrs, d'où il tire nager : ne savoir que faire, ne pas comprendre la situation, patauger.» 
C'est qu'on nage dans un problème avec beaucoup moins de plaisir que dans une piscine !


Être fourbu

Expression bien cavalière ! 
Cette expression est effectivement liée aux chevaux, et s'inspire directement de l'ancien français forboire qui signifiait boire hors de raison, à l'excès
Par la suite, son sens a légèrement évolué pour devenir fatigué par suite d'excès de boisson... 
Plus tard encore, son sens se restreindra à la simple fatigue. Et l'expression, peu usitée, se pare même d'une certaine élégance...


Être gros comme un nez au milieu de la figure

Être patent, flagrant
Sauter aux yeux
On dit aussi « c'était visible (ou évident) comme un nez au milieu du visage »
« L'accent français de l'homme souriant qui se tenait devant lui l'avait surpris, et il se demanda pourquoi Gallacher lui avait envoyé ce type-là qui - c'était gros comme un nez au milieu du visage - n'était pas de leur monde », P. Siniac, in Deux Pourris dans l'île


Grain de folie

Le terme de grain n'est pas ici à prendre dans son sens habituel de semence mais comme la 480ème partie d'une once. Avant l'invention du système métrique, le grain (0,053 g) était la plus petite mesure de poids.
Utilisé par les apothicaires dans la préparation des remèdes, le mot a donné naissance à des expressions comme n'avoir pas un grain de bon sens ou avoir un grain quand on parle d'un individu un tout petit peu fou... sous-entendu qu'il a un grain de folie.


Jeter sa gourme

Faire passer son acné 
La gourme est l'ancien nom médical des dermatoses qui affectent le cuir chevelu et le visage des enfants mal soignés, plein de croûtes ou de boutons. 
Avant le XIXe siècle, c'était aussi le nom de l'acné juvénile. Jeter a ici un double sens : à la fois sécréter des boutons (en botanique, on parle de rejets), et s'en débarrasser. Une idée bien ancrée voulait que les boutons des adolescents disparaissent aux premiers rapports sexuels, quand ils jetaient leur gourme.


Le nerf de la guerre

Il sert aussi pour la guerre des nerfs 
Mme de Sévigné employait déjà la formule : « le nerf de la guerre, c'est l'argent ». Celui qui permet de constituer les gros bataillons du côté duquel se trouve toujours le Seigneur Dieu, comme disait Voltaire. 
Nerf est pris ici dans le sens de ressort. Un nerf était autrefois un ligament, un tendon (on parle encore d'une viande pleine de nerfs, difficile à manger).
Le sens moderne de nerf est différent. On le retrouve dans la guerre des nerfs. Le terme est né en 1940 pour qualifier la propagande qui cherchait à saper le moral des troupes et des populations ennemies, propagande alimentée par le budget du ministère de la Guerre.


Mal en point

Sans embonpoint 
Au XIIIe siècle, en bon point signifiait en bon état, en bonne santé. De là viendra la corpulence des hommes bien portants. Et à l'inverse, mal en point signifie en mauvais état, en mauvaise santé.

Ne pas avoir un grain de bon sens

Avoir un grain ! 
Le terme de grain n'est pas ici à prendre dans son sens habituel de semence mais comme la 480ème partie d'une once. 
Avant l'invention du système métrique, le grain (0,053 g) était la plus petite mesure de poids. Utilisé par les apothicaires dans la préparation des remèdes, le mot a donné naissance à des expressions comme n'avoir pas un grain de bon sens ou avoir un grain quand on parle d'un individu un tout petit peu fou... sous-entendu qu'il a un grain de folie.

Ne pas se fouler la rate

À l'inverse de la rate qui se dilate d'aise, un effort soutenu a paru, ironiquement, de nature à blesser le viscère de la bonne humeur. 
Se fouler la rate apparaît dans le langage populaire du début du XIXe siècle : « Monsieur ne peut pas aller au cinquième ; il serait trop fatigué de monter un étage ; il se foulerait la rate. Tu plains donc bien tes pas ! », Vidocq, in Mémoires (1828)
L'expression était promise à un bel avenir, et Delvau la signale en 1867 : « Ne pas se fouler la rate, en prendre à son aise, ne pas se donner beaucoup de mal. » 
L'abréviation aujourd'hui si courante a suivi de près, car il note ensuite : « On dit aussi absolument : ne pas se fouler. »

Nez à piquer des gaufrettes

Nez long et pointu 
« Petite et replète. Aux dires irrespectueux de ses deux fils, a un nez à piquer des gaufrettes », P. Fallet, in Banlieue sud-est

Officier de santé

Médecin, pas militaire 
Jusqu'en 1892, les officiers de santé étaient des personnes autorisées à pratiquer la médecine sans avoir le diplôme de docteur. Flaubert avait fait de M. Bovary un officier de santé et non un docteur. 
Les officiers de santé n'avaient aucun lien avec l'armée ou la marine, où le grade d'officier n'apparaît pas avant le XVIe siècle. 
Avant cette date, les officiers étaient tous des civils, titulaires d'une charge, d'un office, comme en témoignent encore aujourd'hui deux personnages dignes de foi : l'officier d'état-civil et l'officier ministériel (le notaire, l'huissier), tous assermentés.


Prendre en grippe

Agripper au collet 
La maladie n'a pris ce nom qu'au XVIIIe siècle parce que la fièvre et les maux de tête vous agrippent brusquement. 
Le mot existait depuis longtemps, il dérive d'agripper. Le terme de grippe a commencé par désigner une fantaisie soudaine puis une aversion soudaine, ce qui explique le sens toujours actuel de prendre en grippe, expression née à cette même époque.

Prendre ses jambes à son cou

S'en aller haut le pied
La chanson enfantine du Petit Chaperon rouge, fille du pâtissier de la plaine de Montrouge ironise sur le fait que prendre ses jambes à son cou est une manière de courir pas commode du tout. 
Les images au ralenti d'une arrivée d'un cent mètres qui montrent qu'effectivement les coureurs lèvent très haut la jambe, confirment toutefois la métaphore. Déguerpir à toutes jambes se disait alors partir haut le pied ou trousser ses quilles (les jambes). C'est la même image.


Savoir par cœur

Sur le bout des doigts 
Posséder un livre était jadis un privilège. Savoir lire aussi. Comme des écoliers appliqués, nos ancêtres lisaient le plus souvent à haute voix en suivant les mots avec leur doigt. À force de relire leur unique livre, en général la Bible, ils finissaient par en connaître le texte sur le bout du doigt.
Mais pourquoi par cœur ? Il faut dire que les Anciens n'étaient pas très fort en anatomie et attribuaient au cœur des fonctions multiples : la digestion (avoir mal au cœur), la générosité (avoir bon cœur), l'amour (faire le joli cœur), l'imagination (dîner par cœur), alors pourquoi pas la mémoire ?

Se désopiler la rate

La rate avait pour les anciens docteurs un inconvénient : celui de sécréter la bile noire, cause de chagrin et de mélancolie. Il fallait donc à tout prix se désengorger la rate...
Un bon moyen de rire - la lecture d'histoires drôles pouvant faire cet office parfaitement. L'exergue du Cabinet satyrique de 1618 tient en ces vers prometteurs :
« Quiconque aura le mal de rate 
Lisant ces vers gays et joyeux, 
Je veux mourir s'il ne s'escalte
De rire et ne pleure des yeux  » 
L'on a dit en premier lieu s'épanouir la rate, expression abondamment utilisée durant tout le XVIIe siècle.
Oudin la signale en 1640 : « S'espanouïr la ratte, rire tout son saoul. » 
Les progrès du langage savant au XVIIIe siècle ont fait employer le verbe désopiler (le contraire d'opiler, boucher) ; le langage populaire s'en saisit pour désigner les éclats de rire.
« Pendant cette morale, Mme Duflos, nonchalamment étendue sur une chaise longue, roulait des yeux dont les mouvements eussent infailliblement produit un bruyant désopilement de ma rate, si la bonne ne fût venue très à propos », Vidocq, in Mémoires (1828)


Se faire avoir à l'estomac

En demeurer estomaqué 
En demeurer estomaqué a le sens d'être stupéfait par une attitude ou des propos choquants qui laissent sans voix, le souffle coupé, comme après avoir reçu un coup de poing en plein estomac. Le verbe latin stomachari, se faire de la bile, s'irriter, avait déjà un sens voisin.