Éponge de fiel, de vinaigre

Pitié hypocrite
Comme tendre au Christ en croix une éponge imbibé de vinaigre pour apaiser sa soif, ça peut même être carrément cruel !
S'agissait-il d'une moquerie supplémentaire ? Selon saint Luc, oui, et selon toute la tradition médiévale, qui la compte parmi la longue liste des outrages.Mais les autre évangélistes ont un autre discours plus neutre, et Jean précise que c'est à la demande du Christ (J'ai soif) que lui fut présentée l'éponge. On l'explique généralement comme étant du vin aigre, la boisson ordinaire des soldas romains, légèrement acidulée et donc plus rafraîchissante.
Comment expliquer sinon la présence d'un vase de vinaigre au pied de la croix ? Et pourquoi ce dernier outrage ?
Les soldats ont en effet tâché d'alléger les souffrances du supplicié en lui présentant un vin de myrrhe, stupéfiant : le geste ici fut encore considéré comme malveillant et Matthieu parla de vin mélangé de fiel.
Comme souvent, les évangélistes ont interprété ce qu'ils ont vu selon les prophéties messianiques. En mêlant le vin de fiel et de vinaigre, on a créé l'expression éponge de fiel, par laquelle on dénonce un geste prétendument de pitié et qui n'est qu'un outrage supplémentaire.
À noter que dans les croix aux outrages des crucifixions médiévales et de certains églises pyrénéennes, le roseau de l'éponge offre une symétrie esthétique avec la lance qui perça le flanc du Christ, après sa mort.
NT - Évangile selon saint Matthieu, livre 27, verset 48 ; Évangile selon saint Marc, livre 15, verset 36 ; Évangile selon saint Luc, livre 23, verset 36 ; Évangile selon saint Jean, livre 19, verset 29 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire