Cette expression fait référence à la retraite de Russie et au passage de la rivière Bérézina, du 27 au 29 novembre 1812, consacrant l'erreur commise par Napoléon Ier de s'être attaqué à l'ours russe. Le tsar Alexandre n'observant pas le blocus continental, Napoléon conçut le projet insensé d'envahir et de conquérir la Russie avec une armée de plus de 600 000 hommes, composée, entre autres, d'un tiers de Français, d'un tiers d'Allemands et de plus d'une centaine de Polonais. Après la bataille de la Moskova, il marcha sur Moscou incendiée par les Russes et dut faire retraite devant la politique de la terre brûlée décidée par l'ennemi.
La retraite commença en octobre et se solda par une gigantesque catastrophe : 400 000 morts et 100 000 prisonniers. La fatigue, le froid, la faim et les cosaques eurent raison de la Grande Armée.
Toute la nuit du 25 novembre, à la lueur des torches, les soldats du Génie, les pontoniers du général Eblé, travaillant dans l'eau glacée, réussirent à construire deux ponts sur la Bérézina ; l'un pour les débris de ce qui fut la Grande Armée, l'autre, plus étroit, pour les canons, chariots et matériel. Le maréchal Oudinot passa le premier avec la Garde impériale.
Napoléon traversa à son tour, rentrant à Paris en toute hâte pour enrôler des troupes fraîches. Les uns après les autres, des milliers d'hommes se concentrèrent vers ces deux derniers espoirs de fuir les poursuivants. Ney, en arrière-garde, tentait de contenir les cosaques, pendant que Victor, avec 9000 hommes aidés de la région polonaise de Dabrowski, faisait face à 40 000 soldats ennemis sur la rive russe. Le 29, Eblé donna l'ordre de détruire les deux ponts, derniers espoirs pour des milliers de traînards qui finirent gelés ou noyés dans cette rivière tristement célèbre. 25 000 morts en trois jours, voilà ce que fut la Bérézina.