Quand on parle du loup, on en voit la queue
Le mot leu n'est pas autre chose qu'une ancienne forme de loup. «Hareu, le leu ! le leu ! le leu !», criaient les bergers picards. Il a laissé des traces dans le nom de Saint-Leu, pour Saint-Loup, et naturellement dans la description de gens marchant l'un derrière l'autre - « queue à queue, comme les loups quand ils s'entre-suivent » : à la queue leu leu !
Cela bien avant que les romans de Fenimore Cooper parlent de file indienne. Pourtant, le redoublement du mot leu n'est qu'une erreur d'écriture, déjà très ancienne.
Il constitue une mauvais (ou amusante) interprétation de la vieille langue où de et du ne s'employaient pas toujours pour désigner l'appartenance : Château-Gaillard veut dire le château de Gaillard et Choisy-le-Roi, Choisy du Roi. Ainsi la queue du loup était simplement la queue le loup, et en Picardie : la queue le leu, qu'on a finit par écrire leu leu.
Du reste, Rabelais cite la forme «à la queue au loup». Si l'expression a eu autant de vitalité, c'est qu'elle servait à désigner « un jeu de petits enfans », un jeu tout bête, et toujours amplement pratiqué dans les cours d'école maternelle, qui consiste à courir en rang d'oignons en tenant le tablier de celui qui précède...