La chouette n'est pas un animal anodin. Peut-être à cause de son air insolite et de ses mœurs nocturnes, sa réputation a beaucoup varié au cours des âges.
Naguère oiseau de malheur dont le cri étrange (le chuintement) annonçait la mort de quelqu'un, elle était clouée sur les portes des granges - du temps qu'il y avait encore des granges et des portes de bois. Elle effraie aussi les rongeurs, ceci étant sans doute la raison pratique de cela).
Chez les Grecs anciens, au contraire, elle était le symbole d'Athènes, parce que les chouettes paraît-il, abondaient dans la ville. En conséquence, elle fut dédiée à la déesse Athéna, Minerve, et à ce titre tout à fait respectée.
D'autre part, la chouette passe pour un oiseau coquet, soigné de sa personne. En ancien français, le verbe choeter signifiait faire le coquet et naturellement la coquette. On a donc parlé d'une femme chouette puis sans doute d'une chouette femme ! Panurge disait : « Ma femme sera jolye comme une belle petite chouette ».
Au jeu de paume - et l'on pourrait actualiser l'expression pour le tennis ou le ping-pong - on disait aussi faire la chouette pour jouer seul contre deux adversaires ; selon Littré parce que la chouette, si elle sort de jour, est assaillie et poursuivie par les autres oiseaux. Seul contre tous, c'est en effet assez chouette !
Quoi qu'il en soit, la fortune de ce mot dans le français d'aujourd'hui constitue une belle revanche pour un animal si longtemps et injustement persécuté.