Tous les chemins mènent à Rome

Et au paradis 
Étroites sont les voies qui mènent au paradis. L'une d'entre elles consistait au Moyen Âge à entreprendre un grand pèlerinage. Aux lieux saints, à Saint-Jacques-de-Compostelle ou à Rome, capitale de la chrétienté. On sait que, depuis César, les voies romaines convergeaient toutes sur Rome. Comme les nationales en France sur Paris ! 
Tous les chemins mènent à Rome est surtout utilisée aujourd'hui en son sens abstrait, pour indiquer qu'il existe diverse façons de parvenir au même but. 
Le choix de Rome ne s'est pas effectué au hasard. Centre politique et historique du monde méditerranéen, Rome était le centre d'une vaste toile vers où tout convergeait. Afin de faciliter cette concentration en un seul lieu, les différents points de l'Italie, et plus tard de l'Empire, furent reliés à la capitale par les célèbres voies romaines. 
La plus célèbre et aussi la plus ancienne est la voie Appienne, commencée par Appius Claudius en 312 avant notre ère. Au début, elle n'allait que de Rome à Capoue. Du pied du Capitole, par l'arc de Titus et celui de Constantin, elle sortait de Rome décorée d'arcs de triomphe, mausolées et temples, bordée de milliers de sépulcres érigés par les familles patriciennes auxquelles ce privilège était réservé. Elle était aussi parsemée sur 565 kilomètres de bornes militaires. Celle que l'on a surnommée la Regina Viarum est la plus ancienne des voies romaines et, après plus de vingt siècles, certaines portions en sont encore visibles. Elle a résisté aux intempéries, aux chariots et aux envahisseurs grâce à une construction exemplaire.
Le plus souvent, des condamnés étaient chargés de la réalisation des travaux : sur une couche de mortier faite de chaux et de sable étaient placées des pierres plates reliées par un ciment des plus résistants. Un second lit de pierres grossières mêlées à du ciment était recouvert de terre bien tassée sur laquelle venaient reposer les grandes dalles de pierre basaltique polygonales de formes variées. La largeur (plus de 4 mètres) permettait à deux chars de se croiser. De chaque côté, des trottoirs de 1,50 mètre de large délimités par une bordure de pierre longeaient la Via Appia Antica. Tous les douze kilomètres environ, les voyageurs trouvaient déjà de quoi se restaurer, se loger, changer de monture. Un véritable travail de Romain !
Sur toutes les voies qui quittaient Rome venaient se greffer des axes de communication qui reliaient les trois mers entourant la péninsule.
Rome était vraiment le centre d'un monde. Tout convergeait vers elle, les richesses de l'Italie, les céréales du nord, l'huile d'olive du sud, les vins de Sicile, les cargaisons de sa flotte, les théories d'esclaves enchaînés, les prises de guerre, les caravanes de marchands pacifiques, et plus tard les hordes d'envahisseurs belliqueux ; tous les chemins menaient à Rome, ogre gigantesque qui avalait tout, digérait tout, survivait à tout.
Au-delà de la péninsule, les provinces romaines furent aussi reliées entre elles par des voies militaires atteignant toutes les extrémités de l'Empire. La Gaule était coupée de quatre voies consulaires dont Lugdunum (Lyon) était le centre.