Ni ange, ni bête, mais homme

Blaise Pascal, Pensées, 140-522 (1670)
Souvent citée sous cette forme, l'expression renvoie plutôt à la pensée 358-678, plus explicite : « L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête. Et pour savoir ce que recouvre cette opposition souvent à laquelle se réfère souvent Pascal, il faut se reporter aux développements de 413-410 : Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu la paix se sont partagés en deux sectes. Les uns ont voulu renoncer aux passions, et devenir dieux ; les autres ont voulu renoncer à la raison, et devenir bêtes brutes (Des Barreaux). Mais ils ne l'ont pu, ni les uns ni les autres ; et la raison demeure toujours, qui accuse la bassesse et l'injustice des passions, et qui trouble le repos de ceux qui s'y abandonnent ; et les passions sont toujours vivantes dans ceux qui veulent y renoncer. »
Cette opposition entre raison et passions se hiérarchise ensuite en une opposition entre grandeur et misère de l'homme : « Il ne faut pas que l'homme croie qu'il est égal aux bêtes, ni aux anges, ni qu'il ignore l'un et l'autre, mais qu'il sache l'un et l'autre » (418-121).
De là une formule qui fit beaucoup gloser : « S'il les vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante ; et le contredis toujours jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible » (420-130)
De là, donc, l' abêtissement que procure la religion qu'il ne faut pas prendre dans son sens péjoratif. Le paradoxe de l'homme est un des fondements de l'apologie de Pascal, puisque seule la foi permet d'en sortir.


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