La Fontaine, « Le Lièvre et la Tortue », Fables, VI, 10 (1668)
L'art du fabuliste consiste surtout à résumer sa morale dans une formule polie comme le caillou qui défie le temps. Elle agace et l'on ne cesse de la parodier : « Rien ne sert de mourir, il faut mourir à point », raillait Jules Renard ; « Rien de sert de s'couvrir, il faut partir à poil » scandent les naturistes.
La formule résiste. Tout comme la fable qui agace. On lui annexe même la morale toute différente de l'Évangile : « Les premiers seront derniers, et les derniers premiers »...
Assez !!! À ce point, ce n'est plus de l'allusion, mais de l'obsession littéraire !...
Faut-il encore après ça rappeler comment la tortue dépassa le lièvre ? Ayant défié le lièvre à la course, notre commère part de son pas de sénateur et se hâte avec lenteur pour arriver la première là où le lièvre aurait été en trois sauts s'il n'avait baguenaudé en chemin.
Faut-il encore après ça rappeler comment la tortue dépassa le lièvre ? Ayant défié le lièvre à la course, notre commère part de son pas de sénateur et se hâte avec lenteur pour arriver la première là où le lièvre aurait été en trois sauts s'il n'avait baguenaudé en chemin.
On emploie aujourd'hui l'allusion, devenue proverbiale, pour signifier qu'un travail lent, mais constant, vaut mieux qu'un zèle intempestif mais mal soutenu. La maxime préférée des paresseux, qui espèrent ne pas se tromper de fable...
Si nous rattachons aujourd'hui le vers à la fable de La Fontaine, il semble bien que l'expression soit antérieure. Dans les règles du jeu de paume éditées par Jean robert en 1599, on trouve en effet ce conseil : « Un chacun sait bien que ce n'est pas le plus fort de bien courir, mais de partir à heure. »
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