Riche comme Crésus

Roi de Lydie en Asie Mineure au VIe siècle de notre ère, Crésus devait sa richesse aux sables aurifères du Pactole, rivière dont les flots roulaient des paillettes d'or depuis que le roi Midas, celui aux oreilles d'âne, s'y était baigné pour se rincer et ainsi perdre son pouvoir de transformer en or tout ce qu'il touchait, même la nourriture et la boisson, ce qui le faisait mourir de faim et de soif.
Crésus, profitant de ses richesses, voulut éblouir par ses trésors et ses palais le philosophe athénien Solon, se vantant d'être l'homme le plus heureux car le plus riche ; le sage Solon lui dit que nul homme ne peut dire s'il a été heureux qu'au moment de mourir.
Comme si cette parole devait être prémonitoire, les malheurs commencèrent à s'abattre sur Crésus et sa famille.
Il perdit en effet un de ses fils, Atys, victime d'un accident de chasse, et son second fils devin muet sans raison. Plus tard, s'étant fié à l'oracle de Delphes qu'il n'avait pas su interpréter, Crésus se lança dans une guerre dont le but était de venger le roi des Médès qui avait été renversé par son petit-fils Cyrus. Vaincu, il vit sa capitale mise à sac et fut sauvé in extremis de la mort par son fils muet qui, de frayeur, retrouva soudain l'usage de la parole pour le prévenir du danger. Fait prisonnier par Cyrus, il fut condamné au bûcher ; au moment de mourir dans les flammes, il se souvint du philosophe grec et s'écria par troi fois : Ô Solon ! Solon !
Cyrus l'entendit, voulut comprendre le sens de ces paroles et, réfléchissant sur l'instabilité des grandeurs humaines, décida de lui sauver la vie, d'en faire son conseiller et son ami.