Comme pendant le tour de France
Les Grenoblois eux-mêmes ne sont pas d'accord sur l'explication de l'expression.
Les uns arguent la défaite du duc de Lesdiguières, chef des Huguenots, qui tentait de prendre la ville en 1590 et fut repoussé à coups de pierres.
Ou par la mésaventure du grammairien Richelet qui s'était moqué des Grenoblois et qui aurait connu pareil sort en étant chassé de la ville en 1680.
Deux faits divers bien minces pour faire un dicton. D'autres Grenoblois soutiennent mordicus que l'expression est née de l'interdiction du bal masqué du Carnaval de 1832.
Les gendarmes avaient chargé la foule, blessant 26 personnes. Déjugé par Casimir-Perier, le préfet fut contraint de renvoyer la troupe qui quitta Grenoble sous les huées de la populace.
Mais là encore, il y a un hic : l'expression avait déjà été attestée cinquante ans plus tôt ! En 1787 exactement, à Mâcon, dans une chanson des compagnons du tour de France. Quand un compagnon du Devoir quittait une ville pour se remettre en chemin, ses camarades lui faisaient la fête en l'accompagnant au-delà des portes de la ville.
Cela s'appelait faire une conduite en règle. Mais s'il avait contrevenu aux usages de la corporation, on lui faisait une conduite de Grenoble : il était chassé par ses pairs sous les huées et les sifflets.
Mais pourquoi de Grenoble ? Grenoble ne figurait même pas dans la liste des 29 villes composant le tour de France obligé du compagnon. Il est possible qu'il s'agisse d'un jeu de mots sur gredin ou sur un mot disparu de l'argot des confréries, du type aller à Cachan (se cacher), aller à Niort (nier), ou aller en Cornouailles (porter des cornes) dont les Français de l'époque étaient friands.
Bien qu'anachronique, la version du sanglant bal masqué qui fut rapportée par tous les journaux de l'époque, a dû contribuer à la popularité de cette expression du compagnonnage.