Ça tombe comme à Gravelotte

Ces mots sont généralement utilisés, au temps présent, pour parler d'une pluie forte et drue. Au temps passé, l'expression désigne, lors d'un combat, l'importance des pertes en vies humaines. Lorsque les 7 et 8 février 1807, Napoléon Ier remporta contre les Russes et les Prussiens la célèbre mais oh ! combien sanglante victoire d'Eylau, il déclara en substance que si les rois pouvaient voir un tel carnage, il seraient à jamais dégoûtés de faire la guerre.
Napoléon III aurait pu se remémorer les mots de son ancêtre, au terme de la bataille de Gravelotte-Rezonville, le 16 août 1870, au sud-ouest de la ville de Metz.
L'armée du Rhin, sous les ordres du maréchal Bazaine, opposée à l'armée prussienne d'août à octobre 1870, dut se replier sur Metz sans essayer de faire la jonction avec l'armée de Châlons commandée par Mac-Mahon ; ce qui sera reproché au maréchal.
Pourtant ce dernier s'était maintes fois illustré dès la guerre de Crimée, à la prise de Sébastopol ; puis pendant la campagne d'Italie, à Solférino en 1859. La capitulation de Metz après quelques semaines de siège, le 27 octobre 1870, mit un terme à une effroyable boucherie qui avait commencé à Gravelotte-Rezonville le 16 août. Les rangs ennemis se trouvant sans cesse renforcés, le combat ne finit qu'avec le jour. L'armée française était parvenue à maintenir ses positions, mais à quel prix ! Les pertes étaient énormes.