Tu me fends le cœur

Marcel Pagnol, Marius, III, 1
N'ayant pas suivi attentivement la partie de cartes, Escartefigue se demande s'il soit couper à cœur. César, son partenaire, tente de lui faire signe, mais Panisse, outré, le surveille. César dramatise : « Quand tu parles sur ce ton, quand tu m'espinches comme un scélérat, eh bien, tu me fends le cœur... Pas vrai, Escartefigue ? Il nous fend le cœur ». 
Escartefigue, ravi, coupe à cœur, et Panisse, furieux, quitte la partie. Si on ne peut plus tricher avec ses amis, conclut César, ce n'est plus la peine de jouer aux cartes. Réflexion qui va plus loin que la boutade et qui contient une définition paradoxale de l'honnêteté : car bien tricher est un art qui a le droit d'être exercé, et le faire avec ses amis délivre de la tentation dans des circonstances plus officielles.


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