Une de ses Lettres de mon Moulin donna à Alphonse
Daudet l'intrigue de sa première pièce de théâtre —
l'adaptation théâtrale avait alors le même prestige
qu'aujourd'hui l'adaptation cinématographique.
Frédéri, le héros, doit renoncer à une jeune fille d'Arles
dont la légèreté est notoire ; mais il ne cesse pas de l'aimer
et préfère se tuer plutôt que d'épouser Vivette.
De cette trame mince, on n'a retenu que la musique de
Bizet et la tirade de Rose Mamaï, mère de Frédéri : « Être
mère, c'est l'enfer » commence la vieille Provençale, pour
conclure : « Nous sommes les amantes qu'on délaisse
toujours... Pourtant nous ne trompons jamais, nous
autres, et nous savons si bien vieillir... »
L'échec de la pièce fut attribué à l'absence de rôle
féminin marquant. L'Arlésienne, en effet, est
l'éternelle absente de la pièce ; elle obsède tous les
personnages, et ne paraît jamais.
Si le procédé a fait le succès de la nouvelle, il passe
mal au théâtre, et l'expression est devenue proverbiale.
L'Arlésienne, c'est ce dont tout le monde parle
périodiquement mais qui ne vient jamais.
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