On a oublié le rôle symbolique que la colonne Vendôme, à
Paris, a joué pendant tout le XIXe siècle.
Ce monument inauguré en 1810 à la gloire des armées
napoléoniennes, et dont le bronze qui l'entoure provenait
des 1200 canons pris à l'ennemi durant la campagne
d'Austerlitz de 1805, frappa tout de suite l'imagination des
Français.
Sous la Restauration, elle devint le symbole de la grandeur
de la France et de l'Empereur déchu ; l'une des chansons les
plus célèbres d'Emile Debraux, écrite en 1818, dont le succès
ne s'est pas tari jusqu'au début du XXème siècle, se termine
par ces vers qui furent une véritable scie :
« Ah ! qu'on est fier d'être Français
Quand on regarde la Colonne »
Cette colonne Vendôme, donc, préfiguration érectile de
la tour Eiffel, fut tout de suite comparée à un phallus
géant. La colonne fut ainsi pendant un siècle le
désignatif privilégié du pénis : « Le membre viril que
nous sommes bien plus fiers de regarder ou de montrer
à une femme que d'être français » (Delvau, 1864).
Mérimée écrivait à Stendhal en 1832 : « Je voudrais
pouvoir la mettre à votre disposition (une fille), elle
vous apprendrait le règlement des colonnes et le casse-
noisettes, inventions qu'on ne saurait trop louer ».
Dans ces conditions, s'astiquer la colonne, ou se la
polir, allait de soi !!!
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