Se branler

L'ancien verbe branler, si usuel alors, au sens de bouger, remuer, agiter s'est vu écarté de l'usage ordinaire grandement à cause de sa signification érotique qui a fini par l'emporter sur toutes les autres ; branler, c'est aujourd'hui masturber, et les vieilles locutions qui demeurent des anciens temps et s'emploient encore, telles que branler le chef, remuer la tête, branler dans le manche, être irrésolu, ou se mettre en branle, en mouvement, prennent involontairement une légère teinte égrillarde. 
Branler était déjà établi au début du XVIIe siècle dans son acception masturbatoire avec une double entente sur l'expression branler la pique, qui signifiait au sens propre faire le maniement de cette arme de combat. Témoin, ce passage sans aucune ambiguïté du Cabinet Satyrique de 1618 :
« Les Cons si estroits de cloture 
Mettent un Vit à la torture
Et le laissent sans mouvement : 
J'aymerois mieux bransler la pique 
Que de foutre en paralytique, 
Le plaisir gist au remuement »
La connotation sexuelle de ce verbe est si peu équivoque à l'époque qu'Oudin le relève intransitivement en 1640 : « Bransler, faire l'acte charnel »
Les meilleurs auteurs l'ont employé à la forme réfléchie et masturbatoire aux XVIIIe et XIXe siècles : « Elle m'a avoué que sa position devenait affreuse vers onze heures du soir. Je lui ai conseillé de résister le plus longtemps qu'elle pourrait, mais si elle était forcée dans ses derniers retranchements de tendre une main secourable à Ancillus et de le débarrasser de son superflu. Je veux dire de le branler. Je ne sais pas pourquoi je m'amuse à chercher des périphrases pour une chose aussi simple », Prosper Mérimée, Lettre à Stendhal, 1er décembre 1831.
À noter que se branler, terme générique du plaisir solitaire, était déjà courant et bien établi à la même époque.


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