L'expression est apparue dans les ateliers d'imprimerie vers 1870 avant d'être utilisée par la pègre. Les ouvriers signalaient ainsi de façon codée l'arrivée du patron. Ce serait un calembour d'atelier comme les ouvriers typographes aimaient à en faire en se servant de leur jargon technique. Par exemple, quand dans l'atelier entrait un prêtre (un corbeau, en argot), ils s'exclamaient : « Qui a du onze corbeau ? » du fait des caractères d'imprimerie de corps 11 (11 points typographiques Didot, soit 4,13 mm de haut).
Mais pourquoi 22 pour désigner le patron ? Est-ce parce que c'est un corps de grande taille utilisé généralement pour les titres en haut de la page ? Ou parce que le mot chef est constitué d'un c, troisième lettre de l'alphabet, d'un h, la huitième, d'un e, la cinquième et d'un f, la sixième et que 3 + 8 + 5 + 6 = 22 ?
Ou bien a-t-il existé à l'image du « Qui a du onze corbeau ? » une exclamation du type « vingt-deux corps saint », une manière déguisée d'annoncer l'arrivée inopinée du singe (saint-je), le patron en argot ?
Le mystère demeure. Chez les Anglais aussi, qui emploient dans le même sens une expression analogue : twenty-three skidoo.