La rate avait pour les anciens docteurs un inconvénient : celui de sécréter la bile noire, cause de chagrin et de mélancolie. Il fallait donc à tout prix se désengorger la rate...
Un bon moyen de rire - la lecture d'histoires drôles pouvant faire cet office parfaitement. L'exergue du Cabinet satyrique de 1618 tient en ces vers prometteurs :
« Quiconque aura le mal de rate
Lisant ces vers gays et joyeux,
Je veux mourir s'il ne s'escalte
De rire et ne pleure des yeux »
L'on a dit en premier lieu s'épanouir la rate, expression abondamment utilisée durant tout le XVIIe siècle.
Oudin la signale en 1640 : « S'espanouïr la ratte, rire tout son saoul. »
Les progrès du langage savant au XVIIIe siècle ont fait employer le verbe désopiler (le contraire d'opiler, boucher) ; le langage populaire s'en saisit pour désigner les éclats de rire.
« Pendant cette morale, Mme Duflos, nonchalamment étendue sur une chaise longue, roulait des yeux dont les mouvements eussent infailliblement produit un bruyant désopilement de ma rate, si la bonne ne fût venue très à propos », Vidocq, in Mémoires (1828)