Avoir à la bonne



Cette expression assez courante chez les employés de toutes les fabriques, mais qui à cause de cela a un arrière-ton argotique de basse consommation, serait en fait de fastueuse origine !
Elle pourrait venir du reversis, introduit en France au cours du XVIe siècle, et dans lequel gagne celui qui fait le moins de levées et où le valet de cœur, appelé quinola, est la carte principale.
Le roi Louis XIV en était très friand : « Il trouve le temps – s'émerveille un contemporain – non seulement d'expédier les affaires de l'État, mais même de voler la pie [terme de chasse] et de jouer au reversis. »
À ce poker royal, les mises n'étaient certainement pas des haricots : deux, trois, quatre cents pistoles s'y perdent fort aisément, confie Mme de Sévigné – autant dire des millions de centimes !
Donc, à ce jeu, la bonne est le nom de différents payements. « À la bonne se dit quand on place le quinola ou un as sur la dernière levée, afin de recevoir un double payement », Littré
L'expression s'est entendue chez les argotiers dès le début du XIXe siècle, et sans doute avant dans les méandres du langage obscur. « Je peste contre le quart d'œil [le commissaire de mon quartier] qui ne m'a pas à la bonne [qui ne m'aime pas] », précise Vidocq dans ses Mémoires en 1828.