Faux comme un jeton

Compter, c'était jeter
« Je ne sais calculer ni à jet ni à plume », disait Montaigne. Rien de surprenant à son époque où tout le monde écrivait encore les nombres en chiffres romains et où les gens qui savaient calculer étaient considérés comme de vrais magiciens. 
Il est impossible d'utiliser les chiffres romains pour faire une opération. Les marchands, les géomètres, les banquiers les employaient seulement pour en écrire les résultats. Pour calculer, on utilisait des jetons en os ou en ivoire ou en métal que l'on jetait sur des abaques, sorte de tables où étaient gravées des colonnes.
Certains jetons de cuivre ressemblaient à des pièces de monnaie. De là naîtra l'expression faux comme un jeton. Les calculateurs professionnels qui utilisaient l'albaque à jetons formaient une caste placée sous la haute protection de l'Église. Voulant garder leurs secrets, ils s'opposèrent longtemps à la diffusion du système des chiffres arabes et du zéro qui rendaient les calculs si faciles.
Ils firent même envoyer au bûcher comme suppôts de Satan certains propagateurs trop zélés des chiffres arabes.


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