De fil en aiguille

La quenouille et le fuseau sont des symboles de l'industrie ménagère, le fil et les aiguilles, les outils féminins par excellence. Même dans la haute société du Moyen Âge, grande brodeuse et tapissière, on les trouve constamment aux doigts des dames et des demoiselles.
Il est naturel que des propos qui s'enchaînent l'un sur l'autre, comme le fil conduit vers l'aiguille — non pas tout d'un fil, mais çà et là sur le tissu, dessus puis dessous, un point en emmenant un autre, jusqu'à l'aiguille enfin qui est comme l'agent et le point crucial de tout récit — naturel que de tels propos viennent de fil en aiguille.
La locution est déjà fixée en 1280, et apparaît telle que dans le Roman de la Rose
« Ainceis* que Venus se despueille** [avant / dépouille] li content de fil an agueille
tretout quan que leur appartint* [toute leur affaire] »
C'est peut-être par opposition que l'on disait aussi à la même époque de fil en lice, pour d'un bout à l'autre, tout uniment — la lice étant la pièce de bois qui tend le fil sur le métier à tisser : « Car il savoit de fil en lice* [entièrement] Quanque prodom avoit mestier* [besoin] A pais faire et à guerroier. »


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