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Nul n'est besoin de préciser de quoi il s'agit puisque c'est le mot* de cinq lettres le plus connu de la langue française !
C'est aussi celui qui fut attribué à Cambronne à la bataille de Waterloo. Le général breton avait suivi l'empereur à l'île d'Elbe en tant que commandant des quatre cents hommes que le traité de Fontainebleau avait octroyés à Napoléon.
En 1815, lors de la déroute de Waterloo, Cambronne demeura à la tête du dernier carré de la Vieille Garde et, alors que tout était perdu, l'officier anglais lui suggéra de se rendre. Le général aurait répondu le fameux mot de cinq lettres (du moins certains l'affirmèrent-ils), ou « La Garde meurt et ne se rend pas », phrase ô combien magnifique que l'on grava en 1845 sur le socle de sa statue à Nantes.
Cette fière réplique fut cependant contestée en maintes occasions et en particulier par les descendants du général Michel qui l'attribuaient à leur père. Il y eut procès mais le Conseil d'État évita de trancher.
Au début du siècle, la ville de Nantes organisa une exposition d'objets napoléoniens et, dans la vitrine, une étiquette expliquait que la montre que l'on y voyait était un cadeau de l'Anglaise Mary Osburn, vicomtesse Cambronne, offert à son époux le jour où celui-ci jura n'avoir pas dit le mot (de cinq lettres).
L'épouse de Cambronne avait la réputation d'être d'une grande rigidité morale, et que son célèbre époux eût répondu le mot à un officier anglais était sans doute shocking.
Pieux mensonge destiné à ne pas créer de zizanie dans le ménage ou non, nul ne le saura jamais ; cependant, il est permis d'en douter si l'on songe à ce que le général aurait déclaré en 1830, lors d'un banquet en son honneur :
«Non, je n'ai pas dit "La Garde meurt et ne se rend pas" ; mais, sommé de déposer les armes, j'ai répondu quelques mots moins brillants, certes, mais d'une énergie naturelle.»