Turlupiner

Né aux environs de 1615, le verbe turlupiner était employé au sens intransitif de se livrer à des plaisanteries de mauvais goût aussi bien que pour faire de quelqu'un l'objet de mauvaises plaisanteries dans une acception cette fois-ci transitive (1695). 
Ces deux acceptions sont aujourd'hui sorties d'usage, le mot prenant sens de tourmenter (quelqu'un) (1790). Turlupiner est directement issu du mot turlupin, nom et adjectif (XIVe siècle) d'origine inconnue. Il a d'abord désigné un membre d'une secte hérétique et, également au XIVe siècle, est relevé au sens de rieur, badin. Le caractère expressif du mot fait supposer à Pierre Guirand qu'il a pu être compris comme un composé tautologique de turlu(ete) (flûte de berger) et du dialecte pine (sifflet d'écorce) ; ce qui pourrait expliquer l'évolution des sens.
Turlupin a qualifié une personne qui ne prend pas au sérieux les choses religieuses (1485), d'où le sens de coquin chez Rabelais, où il est altéré en tirelupin, et peut-être celui de fainéant, parasite, au XVIIe siècle comme surnom (1612) d'un personnage hypocrite créé par Henri Legrand (1583- 1634), comédien de l'Hôtel de Bourgogne.
De là, il est employé comme nom commun pour désigner un comédien de la foire qui débite des plaisanteries de mauvais goût et, par extension, un mauvais plaisant (avant 1654). En ce sens, il a vieilli.
Il a refait son apparition dans le vocabulaire politique contemporain en 1978... Enfin, lié au théâtre, le mot a été employé aussi pour mauvais acteur (fin XIXe siècle, Huysmans).
Sans oublier de saluer le splendide roman picaresque de Léo Perutz, Turlupin...