Chien perdu sans collier

Roman de Gilbert Cesbron (1954)
La métaphore paraît bien évidente, sous la plume de Gilbert Cesbron, dont elle est désormais indissociable. D'entrée de jeu, d'ailleurs, le romancier la développe avec complaisance : Alain Robert, son héros, est lui-même un gosse de fourrière lorsqu'il croise le corniaud qui donne son titre au livre. La toison du chien « flottait autour de son corps, vêtement somptueux d'un vieux roi condamné » : peut-on mieux exprimer la noblesse et l'indépendance de l'être — enfant de l'Assistance ou chien abandonné — grandi en marge de la société, exempt de toute attache familiale ou servile ? On retrouve le vieux thème gidien de la bâtardise comme liberté suprême... 

Avant cette métaphore familiale, cependant, c'est à la traditionnelle opposition entre le sauvage, pauvre mais fier, et le civilisé, payant l'opulence de sa liberté, que renvoyait le collier du chien.
«Le loup de La Fontaine» (Fables, I, 5) refuse le plantureux festin d'os de poulets et de pigeons s'il faut, comme le chien, porter le cou pelé : « Le collier dont je suis attaché / De ce que vous voyez est peut-être la cause » lui explique celui-ci.


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