En France, tout finit par des chansons

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, V, 19 (1784)
Ainsi finit doublement la pièce, puisque c'en est la dernière phrase et qu'elle est incluse dans une chanson. C'est Brid'oison qui chante le dernier couplet du vaudeville en bégayant selon sa délicieuse habitude :
« Or, Messieurs, la Co-omédie Que l'on juge en cet instant, Sauf erreur, nous en pein-eint la vie du bon peuple qui l'entend. Qu'on l'opprime, il peste, il crie ; Il s'agite en cent fa-açons ; Tout finit par des chansons... » 

Aussi bien dans la pièce que dans le vaudeville qui la clôt, l'auteur semble avoir assemblé toutes les façons de tromper ou de dominer son prochain. Mais lorsque le bon peuple ovationne la pièce en 1784, il s'apprête déjà à chanter la Carmagnole...
Chamfort (Politique, 14) exprime ainsi une idée analogue dans ses Caractères et anecdotes : « Un homme d'esprit me disait un jour que le gouvernement de France était une monarchie absolue tempérée par des chansons. La chanson politique a toujours été un sport national. Souvent très bien tolérée, elle permet, par son effet cathartique de faire passer dans un sourire ce qui semblerait insupportable si l'on n'avait plus le droit de critiquer. »



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