Faire des pipes

Cette expression est aujourd'hui de très loin la plus usuelle pour parler de la fellation. Son emploi, cependant, n'est pas attesté avant les années 40, où elle alternait avec faire des pompiers, particulièrement dans le milieu de la prostitution où elle semble avoir pris naissance.
Faire une pipe est à l'origine la façon courante, dans le langage des années 20 et 30, de dire rouler une cigarette ; avant l'usage pour tous des cigarettes toutes cousues — lequel ne remonte guère qu'aux années 60 — il était habituel sur tous les chantiers de faire une petite pause, le temps de s'en rouler une, de se faire une pipe, et de l'allumer. Comment le sens a-t-il pu glisser de cette action banale à l'autre, parmi les plaisanteries des douillettes maisons closes de papa ?
Il est du reste remarquable que la tabagie ait toujours été plus ou moins associée au libertinage, aux lieux de débauche, et ne général aux filles de mauvaise vie. Une femme qui autrefois s'exerçait à déculotter la pipe d'un homme — même sans sous-entendu paillard — la vraie pipe en terre, se donnait fort mauvais genre. La variante qui tend aujourd'hui à remplacer faire par tailler des pipes est directement modelée sur tailler une plume ; ce qui ne manque pas de donner à cette expression un air absurde de bon aloi !
Sans que rien soit assuré, on peut assez facilement rapprocher les deux choses : non seulement le roulage du tabac entre les doigts, à gestes méticuleux, évoque assez bien le tripotage d'une pine, mais surtout vient ensuite le léchage précis et délicat, du bout de la langue, tout au long de la cigarette, qui produit à lui seul une image assez irrésistible pour qu'elle jaillisse naturellement dans la gouaille des pipeuses professionnelles : « Tu veux que je te fasse pareil à ta petite queue, mon mignon ?... »


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